Pierre JAOUËN ( 1928-2012)

Pierre Jaouën nait en 1928 à Ploudalmézeau en Bretagne. Proche du critique d’art Charles Estienne, il rencontre par son intermédiaire les acteurs du groupe Surréaliste dans les années 1950, notamment André Breton. Son amitié avec Estienne le pousse aussi à s’intéresser au Tachisme. Il prend ainsi part à la querelle qui éclate à l’issue du Salon d’Octobre à Paris en 1953 avec la publication du texte d’Estienne « Une révolution : le Tachisme » dans le journal Combat-Art en 1954, soutenu par André Breton qui prône l’union d’une certaine forme d’abstraction et du surréalisme. Si Jaouën adhère à ce texte, d’autres artistes du Salon d’Octobre s’offusquent contre ce terme jugé trop vague et perçu comme une tentative de récupération de leur art par les Surréalistes. Par sa prise de position, Jaouën se rapproche alors Jean Degottex, René Duvillier, Jan Křížek mais aussi de Jean-Claude Silbermann et d’Yves Elléouët avec lesquels il collaborera.

Bien qu’il réfute son appartenance à un quelconque mouvement, les œuvres de cette période – encres et aquarelles – témoignent de cette influence du surréalisme mais aussi d’une proximité avec le paysage. Jaouën est effet un grand voyageur – de l’Ecosse à l’Irlande en passant par la Bretagne – et s’attache à construire un nouveau langage de signes abstraits transposant la puissance et l’intensité de la perception du réel.

Dans les années 1950, il collabore avec Yves Elléouët poète et écrivain mais aussi peintre et gendre d’André Breton. Ensemble, ils réalisent des stèles et des fresques sur ciment et sur papier, issues d’une recherche symbolique sur l’espace et le temps. Ces œuvres sont exposées en 1959 à la Galerie de la Cour d’Ingres à Paris. Elles s’inspirent des arts premiers notamment amérindiens. De cette référence, partagée avec les artistes américains contemporains, émerge un monde de signes, de symboles et de représentation simplifiées d’animaux. Les couleurs sont brutes, primaires, sans aucun mélange. Les fresques obtenues conservent l’ambiguïté entre figuration et abstraction, se rapprochant ainsi des recherches Surréalistes. Le peu de retouches permises par la technique de la peinture sur ciment s’approche de la production de la peinture automatique.

En parallèle de cette collaboration artistique, les deux hommes se lient d’amitié. Celle-ci les amènent à se retrouver durant ces mêmes années chaque été en Bretagne à Plodalmézeau, ville natale de Jaouën, où ils retrouvent Charles Estienne.

Très actif, Pierre Jaouën a participé à cinq reprises au Salon de Mai à Paris entre 1985 et 1993, à la Foire internationale d’Art contemporain (FIAC) à Paris et a exposé de nombreuses fois dans sa Bretagne natale. S’inscrivant dans cette continuité, cette exposition propose donc de (re)découvrir les recherches picturales et techniques de Pierre Jaouën dans toute leur complexité et subtilité.

 

Pierre Jaouën was born in 1928 in Ploudalmézeau in Brittany, France. Close to the art critic Charles Estienne, he met through him the Surrealist group in the 1950s, notably André Breton. His friendship with Estienne also led him to take an interest in Tachism. He thus took part in the quarrel born after the end of the October Salon in Paris in 1953 with the publication of Estienne’s text « A revolution: Tachism » in the journal Combat-Art in 1954, supported by Breton, which advocates the union of a certain form of abstraction with Surrealism. If Jaouën share this opinon, other October Salon’s artists criticized this term considered too vague and perceived as a Surrealist’s attempt to recover their art. By his position, Jaouën then got closer to Jean Degottex, René Duvillier, Jan Křížek and also to Jean-Claude Silbermann and Yves Elléouët with whom he would collaborate.

Although he refuted his belonging to any movement, his works of this period – inks and watercolours – were marked by Surrealism’s influence but also by a proximity to landscapes. Jaouën was indeed a great traveller, from Scotland to Ireland via Brittany, experience he used to create a new language of abstract signs to transpose the power and intensity of the perception of reality.

In the 1950s, he collaborated with the poet, writer but also painter and son-in-law of André Breton, Yves Elléouët. Together, they create steles and frescoes on cement and paper, results of a symbolic research into space and time. These works were exhibited in 1959 at the Galerie de la Cour d’Ingres in Paris. They were inspired by the primitive arts, especially Native Americans. From this reference, shared with contemporary American artists, emerged a world of signs, symbols and simplified representations of animals. The colours were raw, primary, unmixed. The frescoes maintain the ambiguity between figuration and abstraction, thus approaching Surrealist research. The limited corrections allowed by cement painting also remind automatic painting.

Within those years of artistic collaboration, the two men became friends. This leads them to meet again during summer in Plodalmézeau, Brittany, at Jaouën’s birthplace, where they also met Charles Estienne.

Very active, Pierre Jaouën participated five times at May Fair in Paris between 1985 and 1993, at the International Contemporary Art Fair (FIAC) in Paris and has exhibited many times in his native Brittany. As part of this continuity, this exhibition therefore offers to (re)discover Pierre Jaouën’s pictorial and technical researches in all their complexity and nuance.