Merry-Joseph BLONDEL (1781-1853)

Fils d’un peintre, Merry-Joseph Blondel effectue un apprentissage dans la manufacture de porcelaines Dihl et Guerhard, où il étudie la peinture auprès de Jean-Baptiste Regnault (1754-1829). En l’espace d’un an, il remporte plusieurs médailles (meilleur torse, figure la plus expressive…) qui lui valent le surnom de « Monsieur Cinq-Prix ». En 1803, il ajoute à cette liste de récompenses le Prix de Rome, pour son Énée portant son père Anchise. Envoyé à Rome en 1809, il passe trois ans à la Villa Médicis, où Ingres exécute son portrait. De retour en 1812 à Paris, Blondel propose plusieurs tableaux aux expositions publiques du Louvre. En 1816, il remporte une médaille d’encouragement, en 1817 une médaille d’or pour sa Mort de Louis XII, et en 1824 il est fait chevalier de la Légion d’Honneur.

Blondel entame alors une carrière de décorateur et obtient de nombreuses commandes d’État. En 1827, il est chargé de grands travaux au Louvre, notamment dans la galerie d’Apollon et la salle Henri II. Il y représente La France victorieuse à Bouvines, La France recevant la Charte constitutionnelle, ou encore La dispute de Minerve et de Neptune. Il décore également le Palais Brongniart, peint quelques vingt-et-un tableaux pour le Château de Fontainebleau et exécute plusieurs œuvres pour la salle des croisades de Versailles : Richard Cœur de Lion, Raymond IV de Toulouse, Jean de Joinville, etc.

 

Professeur aux Beaux-Arts de Paris en 1824, il est reçu à l’Académie en 1832. Après avoir été exposées à Paris, ses œuvres sont envoyées dans les musées de Toulouse, Dijon, Bordeaux et Rodez. De retour à Rome en 1839, Blondel est accueilli par Ingres et voyage dans les Marches et l’Ombrie, d’où il rapporte une série de croquis, aujourd’hui conservés au Musée de Montauban.

 

Artiste fécond, Blondel œuvre au sein de son école avec habileté et assurance. Touché par l’esprit du romantisme, l’expression des passions et des éléments naturels, aussi bien peintre de thèmes mythiques que portraitiste de talent (notamment de son ami l’architecte Percier, du comte Cabanis, de la maréchale Riel), il peint ici sa fille Eudoxie, âgée d’environ deux ans. Ce tableau sera suivi d’un second portrait (1838), conservé au musée du baron Martin à Gray, où l’enfant, qui affiche le même air décidé et mutin, est toujours présentée avec ses jouets. Mais Blondel demeure surtout l’un des meilleurs représentants de la peinture d’histoire de la première moitié du XIXe siècle. La qualité de son œuvre a ainsi longtemps été prisée. En 1913, un homme d’affaires suédois survivant du naufrage du Titanic demande ainsi réparation à hauteur de 100 000 dollars pour la disparition de La Circassienne au Bain (1814), ce qui reflète le statut artistique de Blondel au début du XXe siècle.