Issu d’une famille de bonnetiers troyens, Maurice Marinot convainc ses parents de l’envoyer aux Beaux-Arts de Paris en 1901, et intègre l’atelier de Fernand Cormon. Le peintre le remarque d’abord, avant de le juger trop original et de le renvoyer pour « non conformisme dangereux ». En 1905 cependant, Marinot expose ses peintures avec les fauves au Salon des Indépendants, puis au Salon d’Automne.
En 1911, Marinot découvre ce qui deviendra son principal médium d’expression. Visitant la verrerie et cristallerie des frères Viard à Bar-sur-Seine, Marinot est séduit par la matière, les contrastes entre les couleurs, le chaud et le froid et les jeux de lumière apportés par le verre. Les frères Viard tiennent dès lors à sa disposition un banc et des outils et lui apprennent à souffler. Concevant ses œuvres comme de vraies sculptures, il crée des bols, des vases et des bouteilles, il peint des émaux sur la surface, et expose ses premiers travaux dès 1913.
Mobilisé en 1914, il est envoyé au Maroc en 1917, dont les sites, les couleurs et les costumes lui inspirent de nombreux tableaux et aquarelles. Rentré en France en 1919, il reprend ses activités de verrier à Bar-sur-Seine. De verres fins et émaillés, il s’oriente par la suite sur des verres plus épais et fait évoluer sa technique. En 1923, Marinot cesse ainsi d’utiliser les émaux et se tourne vers les bulles et les feuilles de métal pour introduire la couleur dans ses verres. Il poursuivra son œuvre jusqu’en 1937, année de la fermeture des portes de la verrerie Viard.
En 1939, il fait la rencontre Pierre et Denise Lévy, industriels troyens et grands collectionneurs, qui réunissent un nombre considérable de ses œuvres (notamment 143 pièces de verrerie, mais aussi des toiles, dont plusieurs de la période marocaine). Pierre Lévy écrit : « Marinot avait, en plus de ses dons, une puissance de travail extraordinaire. À l’époque des verreries (1911-1937), son œuvre de peintre et de dessinateur se continuait comme avant : paysages le dimanche, portraits et natures mortes à la lumière du gaz et toujours des dessins, encore des dessins ».
En 1944, son atelier est soufflé par l’explosion d’un chargement de munitions. « Leur maison, des milliers de toiles, de dessins, d’aquarelles n’existaient plus. Plus de lettres de Cézanne dont Marinot était tellement fier, plus rien. Tout était parti en fumée », indique Pierre Lévy. Marinot reprend son travail et expose à nouveau en 1948, tandis que les deux décennies suivantes lui reconnaissent sa place dans le mouvement fauve (Musée d’Art moderne de Paris, 1951 et 1966) et son apport fondamental dans l’art de la verrerie (Musée des Ars décoratifs de Paris, 1951).