« Le grand pantalon » 1906

Date
Technique(s)
Sanguine et fusain sur papier
Dimensions

46 x 30 cm

Signé en bas à droite

"E.R. Pougheon. 1906"

Vendu

Formé à partir de 1902 à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs par Charles Lameire, Robert Pougheon intègre en 1907 l’École des Beaux-Arts de Paris où il bénéficie de l’enseignement de Fernand Cormon et de Jean-Paul Laurens. Prix de Rome de peinture en 1914, il séjourne à la Villa Médicis de 1919 à 1923. Exposant dès son retour très régulièrement au Salon des Artistes français, Pougheon honore plusieurs commandes décoratives majeures dans les années 1930, notamment pour l’église parisienne du Saint-Esprit et pour l’Exposition Internationale des Arts et des Techniques de 1937. Professeur à l’École des Beaux-Arts et à l’Académie Julian, il dirige brièvement l’Académie de France à Rome et devient conservateur du Musée Jacquemart-André.

Fortement influencé par David, Ingres ou Puvis de Chavannes, mais aussi par les recherches cubistes, Pougheon est identifié comme le représentant d’une veine maniériste de l’Art déco et rattaché au « groupe de Rome » réuni autour de la figure de Jean Dupas. Il développe néanmoins un style très personnel et aisément reconnaissable par son souci de la ligne et des volumes, par sa manière archaïsante de simplifier, voire de géométriser, les formes, par la fantaisie enfin de ses compositions, qui l’inscrit dans une filiation surréaliste.

Artiste éclectique et dessinateur prolifique, Pougheon pratique aussi bien le paysage, le portrait, la nature morte que le grand décor, sacré ou profane, privé ou public, conçu comme le support privilégié de la peinture d’histoire dont il ambitionnait de poursuivre la tradition académique. Le peintre livre ainsi, outre des toiles, des fresques monumentales, des cartons de tapisseries et de vitraux, quelques modèles pour des billets de banque et des illustrations. Son œuvre la plus connue « Le Serpent » est aujourd’hui conservée à La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix.

Pougheon atteste par cette œuvre de son talent de dessinateur. Il présente un jeune garçon traité à la sanguine, adossé à une table. Il est vêtu d’un pantalon esquissé au fusain, trop large pour lui. Si ce contraste prête à sourire, Pougheon ne sacrifie pas pour autant la noblesse de son modèle. Le garçon a le regard droit et se dresse de toute sa hauteur avec fierté et assurance, les mains dans les poches, presque provocateur. Peut être se met-il dans la peau de son père ? Ou bien est-ce un bleu de travail ? Dans ce cas, le jeune homme athlétique voudrait prouver sa valeur et son efficacité.

Sa prestance est accentuée par les contours marqués de sa silhouette, qui se détache du fond laissé en réserve. Les traits de son visage s’affirment par la profondeur du jeu d’ombre et de lumière. Le modelé de son torse nu est aussi plus ferme que le traitement vaporeux de son pantalon. Sa jeunesse et sa vigueur n’en sont que renforcées.