Polyster blanc
60 x 60 x 60 cm
Signé sur une étiquette sous le socle "A Duarte"
Angel Duarte est né en 1930 à Aldeanueva del Camino en Espagne. Après ses études à l’Ecole des Arts et Métiers de Madrid, il part à Paris en 1954 attiré par l’effervescence artistique de l’après-guerre. Il y rencontre José Duarte, Agustin Ibarrola, Juan Serrano et Juan Cuenca avec qui il fonde, en 1957, le collectif artistique «Equipo 57». C’est au cours de la même année, lors de leur Exposition-Manifeste au café Rond-Point de Montparnasse que Denise René et Richard Mortensen découvrent leurs œuvres qui seront exposées aussitôt à la galerie Denise René rue de La Boétie. Les cinq artistes espagnols prolongent une réflexion sur les rapports entre l’art et la société afin de mettre en œuvre une pratique originale de l’art: l’art comme moyen de connaissance et d’action. Allant à l’encontre de l’exaltation de l’artiste et de son individualité, alors portée par l’Expressionnisme abstrait, les cinq artistes espagnols réalisent des œuvres en commun et les signent de ce nom collectif qu’ils se sont donné: «Equipo 57». Donnant à chaque œuvre une existence autonome, ils ont de l’art une conception concrète. Les artistes entament aussi une réflexion sur l’interactivité de l’œuvre en déclarant: «L’interactivité n’est point un système de plus, mais le seul point de départ possible vers une interprétation plastique de la dynamique spatiale.» A partir de 1961, leurs travaux en commun prennent fin mais Angel Duarte reste fidèle à la ligne artistique d’ «Equipo 57» dont il décide de poursuivre le travail. Il continue de signer sa production du nom du groupe jusqu’à la véritable dissolution de celui-ci en 1965.
En 1962, Duarte conçoit l’œuvre nommée «E 11-PS» à Sion, en Suisse où il est installé depuis un an. Elle révèle la continuité des recherches de Duarte dans le domaine de l’interactivité de l’espace par l’intermédiaire des paraboloïdes hyperboliques, structures géométriques modulaires fondatrices de ses grandes œuvres tridimensionnelles. Dans «E 11-PS», Duarte multiplie les points d’incidence et crée ainsi des courbes et des torsions obtenues par le seul moyen des droites tracées. Différente de ses paraboloïdes hyperboliques en acier inoxydable, dans lesquels un système de tangentes aux angles extrêmement variés parcourt l’espace, cette sculpture réalisée en polyester blanc, mat et lisse ne laisse pas apparaître la structure de l’œuvre mais transporte l’œil autour et au cœur du volume unifié construit. Jouant sur les contrastes entre les vides et les pleins, l’accrochage de la lumière sur les plans inclinés crée des tensions internes entre des mouvements sinueux et rectilignes.
Les œuvres d’Angel Duarte tendent vers un art radicalement objectif, sans subjectivité ni irrationalité. La clé de voûte de ses recherches plastiques sont les mathématiques. C’est en ces termes que Marcel Joray, dans la préface du catalogue d’exposition Angel Duarte à la Galerie Denise René en 2000, qualifie l’artiste du «plus mathématicien des sculpteurs, [du] plus poète des mathématiciens.» En Suisse, Duarte devient un catalyseur de la scène artistique suisse. En 1963, il fonde l’association d’artistes «Valesana» et en 1967, le « Groupe Y ». Réalisant de nombreuses œuvres monumentales à la faveur de commandes publiques, Duarte a souvent été invité à présenter son travail dans des expositions tant en Suisse et en Espagne que dans d’autres pays notamment à la Troisième biennale de Bolzano en Italie en 1969 où «E 11-PS» fut exposée.
Il existe à Sion une version monumentale de la sculpture (2m ) réalisée en 1967.