« La rose de jardin » v.1920

Date
Technique(s)
Huile sur toile
Dimensions

27 x 22 cm

Signé en haut à gauche

"Pougheon"

Vendu

Formé à partir de 1902 à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs par Charles Lameire, Robert Pougheon intègre en 1907 l’École des Beaux-Arts de Paris où il bénéficie de l’enseignement de Fernand Cormon et de Jean-Paul Laurens. Prix de Rome de peinture en 1914, il séjourne à la Villa Médicis de 1919 à 1923. Exposant dès son retour très régulièrement au Salon des Artistes français, Pougheon honore plusieurs commandes décoratives majeures dans les années 1930, notamment pour l’église parisienne du Saint-Esprit et pour l’Exposition Internationale des Arts et des Techniques de 1937. Professeur à l’École des Beaux-Arts et à l’Académie Julian, il dirige brièvement l’Académie de France à Rome et devient conservateur du Musée Jacquemart-André.

Fortement influencé par David, Ingres ou Puvis de Chavannes, mais aussi par les recherches cubistes, Pougheon est identifié comme le représentant d’une veine maniériste de l’Art déco et rattaché au « groupe de Rome » réuni autour de la figure de Jean Dupas. Il développe néanmoins un style très personnel et aisément reconnaissable par son souci de la ligne et des volumes, par sa manière archaïsante de simplifier, voire de géométriser, les formes, par la fantaisie enfin de ses compositions, qui l’inscrit dans une filiation surréaliste.

Artiste éclectique et dessinateur prolifique, Pougheon pratique aussi bien le paysage, le portrait, la nature morte que le grand décor, sacré ou profane, privé ou public, conçu comme le support privilégié de la peinture d’histoire dont il ambitionnait de poursuivre la tradition académique. Le peintre livre ainsi, outre des toiles, des fresques monumentales, des cartons de tapisseries et de vitraux, quelques modèles pour des billets de banque et des illustrations. Son œuvre la plus connue « Le Serpent » est aujourd’hui conservée à La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix.

Cette nature morte illustre bien le caractère inclassable de l’œuvre de Pougheon. Par son traitement du sujet, l’artiste s’inscrit dans la lignée des vanités du XVIIe siècle. En effet, la rose se fane et déjà deux de ses pétales sont tombés sur la table. Le sécateur – dont la dureté et la froideur de la lame contrastent avec la douceur et la souplesse du pétale – est un rappel de la fragilité de la fleur et de la vie.

Cependant, l’artiste traite cette scène de manière résolument moderne et dynamique. Il remplace le traditionnel sombre arrière-plan par un espace bidimensionnel scindé en deux aplats bleu et rouge séparés par une diagonale énergique. Cette planéité perturbe la perception de l’environnement : est-ce un mur bleu ou un ciel bleu que l’artiste a souhaité représenter? Le mystère reste entier d’autant que la lumière arrive de l’autre côté de la composition, face à ce mur bleu. Faute de contexte, la scène devient intemporelle, protégée de tout élément extérieur.

Malgré ce fond la profondeur est marquée par le jeu d’ombre et de lumière des éléments figurés. La rose n’en est que soulignée. Au contraire de l’arrière-plan, les éléments figuratifs sont traités avec grand soin par une touche nette et précise. Pougheon retranscrit avec justesse les effets de la lumière sur les objets, en particulier le reflet sur le pot blanc qui renforce l’attention sur le sujet.

Cette nature morte relève donc un autre aspect de la peinture de Pougheon plus intime mais tout aussi énigmatique et poétique.